Enfants maltraités refusant d'aider leurs parents : l'impensable injustice de la loi française
D'anciens enfants maltraités se mobilisent pour modifier une loi contraignante qui les oblige parfois à subvenir aux besoins de leurs parents violents. Actuellement, l'article 205 du Code civil de 1803 stipule que les enfants sont tenus de soutenir financièrement leurs parents dans le besoin, sous peine de sanctions pouvant aller jusqu'à deux ans de prison et 15 000 euros d'amende. Cette obligation, même envers les beaux-parents, peut être annulée par le juge en cas de graves manquements des parents envers l'enfant, comme des violences. Malgré certaines dispenses prévues par la loi, les anciens enfants maltraités estiment que les conditions restent trop restrictives. Des situations complexes émergent, où les victimes doivent prouver les abus des décennies plus tard, au moment où l'obligation alimentaire se profile, créant une double peine. Pour remédier à cette injustice, un collectif, Les liens en sang, réclame une réforme permettant à tout enfant de rompre, officiellement entre 18 et 30 ans, tout lien avec un parent abusif devant un notaire, renonçant ainsi à son héritage. Cette proposition de loi doit être déposée prochainement par le sénateur Xavier Iacovelli. Ce dernier souligne la nécessité d'offrir la possibilité aux victimes de briser définitivement les liens avec leur bourreau, soulignant que les séquelles de maltraitances subies dans l'enfance persistent souvent à l'âge adulte. Le collectif, par le biais de sa coprésidente, Marine Gatineau-Dupré, insiste sur l'aspect moral de la question, plaidant pour une exemption générale pour les enfants de parents défaillants. Cette mobilisation vise à sensibiliser sur une problématique sociétale trop souvent méconnue et injuste pour les victimes d'enfance. Les débats et les actions des différents acteurs appellent à une évolution de la législation pour mieux protéger ces anciens enfants maltraités et leur permettre de se reconstruire sans subir une nouvelle injustice venant des liens familiaux toxiques.
