"Journaliste convoquée par la justice suite à une révélation sur l'Égypte et la France"
Une question primordiale se pose : est-ce qu'une révélation journalistique d'intérêt public peut être considérée comme un délit lorsqu'elle met en lumière des secrets d'État ? C'est le dilemme soulevé par la convocation d'Ariane Lavrilleux, journaliste et coautrice d'enquêtes pour le média d'investigation Disclose. En novembre 2021, elle a publié un article révélant les agissements de l'Égypte du maréchal al-Sissi, exploitant une opération de renseignement menée par la France sur son sol, à la frontière de la Libye. Cette mission de surveillance, nommée "Sirli" et initiée par la Direction du renseignement militaire en 2016 pour la coopération antiterroriste, a été détournée par l'armée égyptienne pour attaquer des civils soupçonnés de contrebande, malgré les alertes répétées de la France. À la suite de son audition par une juge d'instruction, la journaliste pourrait être inculpée pour "appropriation et divulgation de secret de la défense nationale", des délits passibles de lourdes sanctions. Une mobilisation de soutien en sa faveur est en cours. Cette affaire soulève des interrogations sur la liberté de la presse et le droit à l'information, ainsi que sur les limites à poser en matière de divulgation de secrets d'État. Elle met en lumière les enjeux éthiques et juridiques entourant la diffusion d'informations sensibles pour l'intérêt public.
